Genèse d’un virage.
Octobre 2018. Je me marie et pars en lune de miel. C’est peut-être un détail pour vous, dirait l’autre, mais ça me permet aussi de souffler après une rentrée éprouvante. En bref, je suis au bout d’un rouleau : celui de mon job… La passion dévorante dont je cherche depuis cinq ans déjà à faire un métier, avec un succès timide. Malgré une vingtaine de bouquins publiés chez plusieurs éditeurs et la reconnaissance d’une poignée de fidèles, je me sens toujours à la traîne, en dessous, en retard d’un wagon.
Les causes, je le comprendrai plus tard, sont multiples. D’abord la fatigue, la succession des textes et des salons, des dédicaces, la pression que je me mets tout seul pour réussir un pari que beaucoup considèrent impossible : vivre de sa plume sans se compromettre. Sans tomber dans la soupe populaire – même si c’est souvent là-bas que les auteurs finissent… – ni rentrer dans le rang. Eh oui, à l’époque je ne mégotais pas sur les principes, à tel point qu’en octobre 2018 donc, après les épousailles, je décide de tout plaquer.
Fini l’édition. Bye bye le monde merveilleux des plumitifs cannibales, la course à la gloriole, et rebonjour le salariat, qui ne m’avait pas tant manqué que ça, mais bon. Je me vois à nouveau retaper mon CV, enchaîner les entretiens d’embauche, l’intérim, en baver comme n’importe quel type « normal », et ça me flanque des sueurs froides. Et si…
Et voilà l’idée.
La belle, la grande, la superbe illumination.
Et si je restais auteur, mais à mon compte ? Et si je rejoignais comme mon père, autrefois commerçant, la famille des entrepreneurs indépendants ? D’abord en autoédition, pour moi, et puis très vite pour d’autres. Très vite, l’envie de monter une véritable maison d’édition, pas juste la Fondation Marc Falvo, germe dans mon crâne dégarni… Et ça s’appellerait Faute de frappe, pour emmerder les prétentieux. Grâce à elle, je pourrais à la fois défendre mon travail et celui de nos auteurs, mais avec les mains enfin libres, ou au moins une chaîne plus longue à mes menottes. 2019 fut donc l’année de la bascule…
Après quelques tonnes de paperasses, j’y étais. Et presque trois ans, certaines déceptions, beaucoup de satisfactions et une pandémie plus tard, j’y suis encore. Faute de frappe réunit une équipe, dont huit auteurs, son catalogue compte quatorze titres dans des gens variés. On avance. On se bat. On y croit. Et désolé, messieurs les patrons de boîtes d’intérim, mais vous n’êtes pas près de me revoir.
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